Le succès est une chose que l’on recherche tous, et cela quel que soit notre métier, notre passion, ou nos envies. On le recherche tellement parfois que l’on peut passer une vie entière à courir après sans jamais le rencontrer. Mais pour ceux qui l’ont connu, que s’est-il passé après ?

Le succès c’est quoi ?

Avant d’entrée plus dans les détails, je pense qu’il est important de définir la notion de succès, tant celui-ci peut être vaste et même adapter des formes différentes et cela dans plusieurs domaines très divers. De base le succès c’est lorsque vous ou le produit que vous proposez (cela inclue un produit commercial ou artistique pour plus de facilité), se vend bien, retient l’attention du public ou reçoit un accueil chaleureux. Ou qu’une personne devient une personne connue, qu’elle est par exemple invitée à des festivals ou des conférences, bref que son avis compte tout comme son travail. Que celui-ci importe à bons nombreux de personne. Cela peut se faire dans le domaine artistique, professionnel, politique, mais aussi dans le domaine sentimental, où l’on pourra dire d’une personne qu’elle a du succès en amour, même si cela sous entend souvent, mais poliment, que cette personne collectionne les amants ou amantes. Bref le succès est synonyme de réussite, et cela en mettant malgré tout de côté la qualité du produit proposé, car à aucun moment cela n’entre en compte. Et c’est souvent là que se situe la nuance, et cette nuance n’est pas minime.

Succès critique contre succès commercial

Si je prends l’exemple du cinéma, de la littérature ou des jeux vidéo, il peut arriver qu’une œuvre soit un succès critique mais pas un succès commercial. C’est le cas, par exemple du jeu vidéo Okami, sorti sur Playstation 2 en 2007 et que l’on doit au studio Clover. Si la critique a salué le travail artistique du jeu et sa qualité, celui-ci ne fut pas un succès commercial auprès du public pour autant, en ne s’écoulant qu’à 290 000 exemplaires, un chiffre éloigné des millions sellers que réalisent les jeux édités par Capcom habituellement. Comment définir dans ce cas, la notion de succès ? Laquelle est la plus importante ? Le succès critique ou commercial ? Si le succès commercial permet à une société de réaliser du chiffre d’affaires et donc de subsister, et de réaliser d’autres jeux dans notre exemple. Le succès critique lui permet aux auteurs, ici rassemblés sous la bannière de Clover, de se faire un nom. Soit quelque chose de moins éphémère que des chiffres de ventes, qui seront balayés l’année suivante par les nouveaux titres sortis. Pourtant le mot succès reste malgré tout une notion parfaitement variable, synonyme de réussite.

La taille du succès

Dans l’exemple précédent, la vente de 290 000 exemplaires « seulement » ne constitue pas un succès commercial. Pourtant en matière de bande dessinée par exemple, la chanson n’est pas la même. En 2014, l’album Black & Mortimer, Le bâton de Plutarque s’est écoulé à 232 000 exemplaires (source : http://www.idboox.com), et il s’agit de la meilleure vente de l’année. On constate d’emblée que les chiffres sont très proches, mais l’un est un succès commercial immense tandis que l’autre ne l’est pas. Je sais ce que vous allez me dire, j’ai un peu biaisé les choses en comparant un jeu vidéo avec une bande dessinée, certes. Pourtant cela nous permet ainsi de voir que ce qui peut être un succès dans un domaine, peut être un échec dans un autre, et cela en fonction des moyens mis dans la balance pour réaliser cette œuvre, donc de l’investissement. Bref la notion de succès dépend grandement des attentes de chacun, des prévisions faites sur les ventes pour le domaine commercial, où la notion de succès rime souvent avec rentabilités et bénéfices. A c la vient s’ajouter un marché, chacun étant très différent, j’aurai pu comparer ces chiffres avec les entrées pour un film, dans ce cas, moins de 300 000 entrées, cela représente peu de choses, surtout à l’international.

Gros public VS communauté

Une œuvre peut cependant être une réussite pour une communauté restreinte de personnes, une fan base, et être une œuvre moyenne pour le reste du public, que j’appellerai ici grand public, pour mieux désigner le nombre important de personnes. On retrouve ici la notion contraire de succès critique et commercial. Mais parfois une œuvre est un succès pour un nombre restreint de personnes, mais pas un succès critique pour autant, comme c’est le cas pour le film Troll 2 de Claudio Fragasso, sorti en 1990 aux États-Unis. Ce film fut descendu par la critique et bon nombre de personnes, mais reste pour d’autres un film culte. Terme justement employé pour désigner un film qui n’a connu le succès que sur le tard. Mais l’inverse peut aussi se produire, un film peut être descendu par la critique comme le film Les nouvelles aventures d’Aladin, de Arthur Benzaquen, sorti en 2015, et pourtant être un succès au box-office. La notion de succès est donc véritablement variable, tout comme les critères de sélection d’un tel succès, et propre à chacun. Les goûts ainsi que le bouche à oreille ou la côte souvent éphémère d’un acteur pouvant faire pencher la balance dans un sens.

Le monde du travail

Dans le monde du travail, le succès pourra être commercial ou personnel, cela pourra alors se transformer en promotion. Objectif souvent désiré par les employés lors de leur entrée dans une entreprise, et jolie carotte à tendre pour les patrons. Cette promotion, donc la montée en grade d’un employé, représente indéniablement le succès. Par contre le fait d’être intraitable, froid ou carrément un peu sec avec ces collègues et donc de ne pas être une personne appréciée au sein de l’entreprise, n’entrera que rarement en compte lors de l’attribution de cette promotion. Seuls les chiffres et les réussites, mais aussi la discipline et l’acquiescement aux ordres de la direction permettent d’y accéder, et cela même si vous êtes une sale personne. Peu importe le « succès » auprès de vos collègues, seuls compte vos résultats. Une nouvelle façon d’appréhender le succès et la forme qu’il peut prendre au quotidien. Le succès s’accompagne parfois d’un certain écrasement des autres, et de faire fit de certains sentiments. On dit bien qu’en affaire il n’y a ni amis ni famille.

Artiste

Mais revenons à notre question de base : le succès est-il éphémère et périssable ? J’aurais malheureusement tendance à dire oui. Et pour étayer cette position, il me suffit de prendre quelques exemples. Si les films de Steven Spielberg étaient de francs succès dans les années 80 et 90, Amistad qui date de 1997, a fait moins d’entrée que d’autres films plus anciens (67 575 464 $ de recettes pour celui-ci contre par exemple 373 993 951 $ pour Tintin et le secret de la licorne, qui est pourtant considéré par Spielberg comme un non succès aux États-Unis. Source : wikipédia.org). Preuve ici que le succès ne peut pas être toujours au rendez-vous. Et de nos jours le nom de Spielberg ne fait plus autant d’effet que dans les années 90. De même si je prends le cas de J.K. Rowling auteure de la saga Harry Potter, le premier tome Harry Potter à l’école des sorciers s’est vendu à 120 millions d’exemplaires dans le monde (un chiffre qui donne le vertige). Tandis que son livre Une place à prendre (je n’ai pas les chiffres exacts de ventes), fut tiré à 600 000 exemplaires pour la version française (source : http://www.lepoint.fr) soit 3 fois la quantité tirée pour un futur best-seller, et bien plus que les productions habituelles. En France le premier tome d’Harry Potter, paru chez Folio Junior s’est vendu à 4 240 000 exemplaires. Il est assez aisé de voir qu’un énorme succès est rarement suivi d’un autre. Comme Peter Jackson a pu le voir avec sa saga Le seigneur des anneaux, et Le hobbit, qui pourtant proviennent du même univers : les romans de J.R.R Tolkien. La première saga ayant été un grand succès critique et commercial, alors que la suivante le fut beaucoup moins.

Il est donc rare de voir un auteur avoir du succès, voir un très gros succès, et continué à briller aux firmaments avec ses productions suivantes. Sauf si celui-ci décède accidentellement en pleine gloire. Une notion morbide qui change grandement la donne, et qui a tendance à sacraliser l’artiste disparu. Mais qui n’est clairement pas un but à atteindre pour le bien de votre santé.

Reconnaissance

Mais au fond pourquoi cherchons-nous le succès ? La question mérite d’être posée étant donné le nombre de personnes qui cherche à l’atteindre. Tous ou presque pour ne rien vous cacher. Le succès est devenu très important de nos jours, c’est celui qui définit notre valeur aux yeux des autres, notre capacité au travail la plupart du temps. Et dans un monde où les résultats chiffrés comptent plus que tout et où aucune erreur n’est permise autant vous dire que le succès est un baromètre des plus prisés. C’est aussi parfois un moyen de montrer que l’on est supérieur aux autres, que l’on était capable de le faire, cela peut se retrouver dans une famille par exemple. Pour prouver notre valeur à nos parents ou pour nous comparer à nos frères et sœurs. Le but premier du succès, en plus d’apporter du bonheur (du moins sur le coup) et de l’argent (dans le meilleur des cas), est d’apporter de la reconnaissance. Et pour avancer l’homme a besoin de reconnaissance la plupart du temps. D’être reconnu par ses pairs et d’appartenir à une communauté. Le succès peut être un but à atteindre pour démontrer aux autres ce que l’on vaut mais aussi pour se prouver à soi même que l’on était capable de le faire.

A combien s’élève le succès ?

Car oui dans cette notion de succès, nous l’avons précédemment vu cela dépend des chiffres mais à partir de combien d’exemplaires écoulés estime-t-on qu’il s’agit d’un succès ? Cela dépende de nombreux critères en fait. Si pour les jeux vidéo ou le cinéma il est assez facile de dire que c’est un succès lorsque l’œuvre produire rapporte plus que ce qu’elle n’a coûté, pour la littérature c’est déjà plus compliqué, car on n’engage pas (ou rarement) des frais pour la production en amont pour une œuvre écrite. L’époque des acomptes sur les droits d’auteur sont révolues, et encore plus si vous débutez dans le métier. Cela vaut aussi pour la bande dessinée par exemple, que l’on soit le scénariste, le dessinateur ou le coloriste.

Dans ce cas en fonction du secteur les seuils de rentabilités ne vont pas être les mêmes. Et pour un artiste, qui expose ses toiles c’est encore plus difficile à quantifier. D’ailleurs il ne sera pas rare de lui demander de payer pour exposer son travail. La vente d’une seule toile peut sembler être un succès pour certain, tandis que d’autre ne s’en contenteront pas. D’autres encore qui ne cherche pas spécialement à vendre mais à partager, le fait d’avoir amené le maximum de personnes à leur vernissage suffit à les combler et à estimer que ce fut un succès.

La quantification du succès est donc un critère propre à chacun, surtout si vous n’avez de comptes à rendre à personne. Sur le web il est courant d’entendre parler de buzz, qui n’est ni plus ni moins que le succès à la sauce internet. Pourtant il ne s’agit souvent que de partage Facebook ou de retweet, rien de commercial ou de valeur vendu, juste des personnes qui partagent, et cela suffit pour se faire appeler buzz, enfin succès. Le succès n’est pas que monétaire, et selon le contexte dans lequel l’objet est présenté, les chiffes qui l’accompagnent les critères du succès ne seront pas les mêmes.

Le traumatisme post succès

Mais le succès apporte également son lot de désagrément. Car comme une drogue il joue sur nos perceptions, au mieux des cas vous attraperez la grosse tête, mais dans les pires cas de figure vous pourrez sombrer dans la dépression. Nombreuses sont les personnes a avoir connu le succès et avoir disparu de la scène public ensuite, suite à une pression trop énorme. C’est le cas de Notch, créateur de Minecraft, qui sombra dans la dépression après avoir connu le succès avec son jeu et s’être payé tout ce qu’il désirait. Cela l’a même poussé à tourner le dos aux jeux vidéo, une passion dévorante qui l’animait depuis des années. Dire que le succès corrompt l’esprit n’est donc pas une notion trop forte pour démontrer l’opium que cela représente. Certains seraient prêts à tout pour renouer avec le succès, et lorsqu’ils ne le retrouvent pas sombrent dans une peine immense dû au manque de reconnaissance.

Le succès une recette déjà établie

Il n’existe pas réellement de recette du succès, même si de nombreux analystes sont payés pour décortiquer chaque jour des données sur nos habitudes et nos goûts, et ainsi définir les grosses lignes des produits qui deviendront, normalement, un succès. Pourtant il n’est pas rare de trouver des exemples qui contredisent parfaitement ces analyses pointus, et viennent chambouler les faits établis. Car l’être humain n’est pas le résultat d’un calcul mathématique où chacun de ses signes neurologiques peut être mesuré, mais la somme de ses émotions. Ces œuvres devenues des succès longtemps après leur exploitation en salle, se sont transformés en films cultes, et cela grâce au public, et aux premiers fans qui ont fait circuler leur favori. Souvent car elles trouvaient écho avec les émotions de son public. Star Wars est peut être ici le meilleur exemple. Personne n’y croyait à part Lucas et son équipe, pourtant le film à cartonné avec le succès que l’on connaît. Mais qui n’a pas forcément tenu sur le long terme, la preuve en est avec la prélogie qui est souvent décrié, et ne représente pas le plus grand succès de la saga. Pourtant en passant dans les mains de J.J. Abrams, la saga a renoué après tant d’années avec le succès en engrangeant pas loin de 5 milliards de bénéfices auprès de Disney. Mais ici il n’est plus question véritablement de succès, mais plutôt d’effet de nostalgie et de passion.

Donc non il n’existe pas de recette miracle, juste des conseils à suivre, et des informations à analyser selon l’œuvre que vous désirez produire, ou le succès que vous cherchez à atteindre. Cependant il semble assez clair que dans le domaine créatif et commercial, il vaut mieux atteindre un succès critique que commercial si l’on souhaite durer dans le temps. Car au fond être apprécié et suivi par plusieurs personnes n’est-il pas déjà la preuve d’un certain succès, et un succès bien plus authentique que celui-ci des billets de banque.