Peut-on se passer des logiciels grand public (Photoshop, Google, etc.) et réussir à se faire connaître et à intégrer la sphère sociale ? Une vaste question qui a l’heure des GAFAM à le mérite d’interroger sur leur place dans ce monde.
Introduction
C’est un fait qu’il serait difficile d’ignorer de nos jours, les grandes marques et les logiciels qu’ils produisent sont partout. Il serait inutile de présenter Microsoft ou Apple, et les nombreux adeptes de ces marques. La plupart de nos ordinateurs tournent avec des OS venant de chez eux, moins nombreuses sont les personnes à utiliser Linux ou Ubuntu. Nos smartphones n’étant pas en reste avec Androïd ou iOS. Mais ce ne sont pas les seuls exemples que j’aurai pu choisir. Quel que soit le domaine, seules quelques grandes marques dominent le marché et imposent leur égémonie. Alors pouvons-nous nous passer de ces logiciels et progresser malgré tout dans les sphères sociales ?
Constat
Lorsque vous recherchez quelque chose sur internet vous ouvrez votre navigateur qui est souvent Edge, Google Chrome, Safari, ou parfois Firefox, un navigateur géré par une fondation à but non lucrative d’ailleurs. Puis vous faites votre recherche sur Google, tout naturellement. Je ne vous jetterais pas la pierre, je fais pareil. Je ne vous parlerais pas ici du fait que Google comme de nombreuses autres sociétés oeuvrant sur le web, récupère vos données pour en faire du profit, le propos du jour n’est pas là. Mais simplement du fait qu’il ne vous viendrait pas forcément à l’idée qu’il existe d’autres navigateurs, et je ne parle pas de Bing ou Yahoo, mais plutôt de navigateurs alternatifs comme Duck Duck Go ou Lilo. Peu de gens les utilisent, pourtant ils existent. Et si je vous disais qu’il en est de même pour fFcebook, qu’il existe des réseaux alternatifs, est-ce que vous me croiriez ? Pourtant il existe bel et bien.
Prenons maintenant un exemple ancré dans le monde du travail. Si vous travaillez dans le domaine du graphisme ou de la PAO on vous demandera votre maîtrise de Photoshop, Illustrator et Indesign, des logiciels proposés par Adobe, il sera bien rare de vous parler d’autres logiciels aux mêmes fonctions comme ceux proposés par Affinity par exemple. Adobe est une société qui vend ses logiciels, et qui les vend cher. Même si depuis quelques années, leurs offres d’abonnements permet d’y accéder plus facilement. Dans un autre registre il est même impensable pour un maquettiste de travailler sur autre chose qu’un mac, pourtant ce ne sont pas les machines les plus abordables du marché, ni même les plus performantes. Pour entrer dans cette sphère créatrice il faut donc commencer par s’équiper avec du matériel très onéreux, tout en sachant que les métiers de la création ne sont pas les plus rémunérateurs. Et dans le monde du travail lorsque vous postulez à une offre n’espérez pas trouver un poste si vous ne maîtrisez pas la suite Adobe, mais plutôt des logiciels libres souvent gratuits et accessibles à toutes les bourses, comme The Gimp ou Inkscape. Une manière discrète de créer un fossé et des privilégiés.
Il sera de même pour être visible sur le web, chose très importante si justement vous êtes un artiste ou un entrepreneur. Il faudra avoir un site web, un compte Facebook, Instagram ou Tik Tok et surtout être dans les premières positions dans Google pour espérer vos faire connaître, car rare sont les personnes à aller plus loin que la première page sur le célèbre moteur de recherche.
Difficile alors de vivre sans les géants du web et leurs logiciels, et surtout de se faire connaître.
Le pour
En devenant ouvert au grand public ces logiciels et services ont pu s’améliorer c’est un fait, et mieux prendre en compte les retours pour modifier leurs produits et proposer quelque chose qui corresponde aux clients. Ou adapter le public aux produits qu’ils proposent. Mais si je prends l’exemple de Mozilla, leur moteur de recherche est de qualité, et leurs offres élargies au web est assez dense, sans que tout ceci soit géré par une société.
Si Adobe propose désormais des services de plus en plus nombreux, avec son cloud par exemple, et des offres plus avantageuses qu’auparavant, cela n’empêche pas les utilisateurs de devoir se plier à certaines volontés du constructeur. Et il serait idiot de dire que le piratage de Photoshop par de très nombreuses personnes (même ceux qui auraient pu utiliser un autre logiciel vu leurs besoins), à largement contribué à la reconnaissance du logiciel, et cela même auprès du grand public, sans qu’Adobe ne risque de couler.
Des habitudes à chasser
Lorsqu’on pose ce postulat, il devient alors logique de se poser une question : pourquoi utilisons-nous ces logiciels et services et comment sont-ils devenus aussi omniprésents ? Il faut bien le reconnaître, nous autres humains (moi y compris), avons du mal à nous débarrasser de nos habitudes, de plus nous avons un certain penchant pour la flemmardise. Il est donc bien plus facile d’utiliser au quotidien des logiciels que l’on connaît, et que l’on nous a appris à maîtriser, c’est aussi un gain de temps, plutôt que de prendre de nouvelles habitudes. C’est un fait et c’est parfaitement humain. Dès lors il serait plus compliqué de se tourner vers de nouveaux logiciels, et donc de laisser de côté nos habitudes mais également de remettre en jeu notre confiance et de repousser notre zone de confort.
Pourtant pour en arriver là, les marques ont dû nous travailler au corps, pour faire entrer leurs logiciels dans nos quotidiens et devenir des valeurs omniprésentes. Pour les logiciels cela commence dès l’école, enfin si je prends l’exemple des écoles de graphismes. Les logiciels sur lesquels travailleront les élèves seront des logiciels de la suite Adobe. Normal ce sont ceux qui sont demandés dans les entreprises. Mais dans cette jungle implacable des logiciels, nul n’est à l’abri. Il y a plus de 10 ans ce n’était pas Indesign qui était demandé comme logiciel de référence pour les maquettistes mais Quark Xpress, un logiciel à 10 000 francs (environ 2000€). Adobe en proposant un logiciel moins onéreux et compatible avec ses autres produits à bousculer le marché, et fais entrer de force son logiciel dans les habitudes professionnelles. Car on l’oublie trop souvent mais derrière nos écrans ce sont la plupart du temps des sociétés qui gèrent notre navigation, avec ce que cela implique de bénéfices à réaliser.
L’argent nerf de la guerre
Je prenais l’exemple de l’école dans le paragraphe précédent, et je vous propose de revenir dessus mais cette fois-ci pour des écoles primaires. De nos jours les enfants sont initiés à l’informatique, ce qui est une très bonne chose. Les plus jeunes travaillent la maîtrise de la langue et du clavier sur Open Office. Pourtant ce n’est pas le logiciel de traitement le plus utilisé, et encore moins le plus demandé dans les entreprises. Le plus demandé, c’est vous l’aurez deviné : Word, que l’on doit à Microsoft, et qui fait partie lui aussi d’une suite nommée Office, un nom qui en dit long. Si les écoles ne font pas le choix d’utiliser Word ce n’est pas par snobisme ou par envie de révolte envers le lobby commercial, mais plutôt par manque de moyens. Car encore une fois ces logiciels sont payants. Pourtant dès le départ on met entre les mains de nos enfants des logiciels qui seront obsolètes, et qu’ils devront laisser de côté plus tard. Et cela à cause du manque de moyens. Avec un peu de cohérence et de remise en question de nos habitudes, les sociétés pourraient elles aussi adopter la suite Open Office et ainsi aider leurs futurs employés. Pour dire que Word est omniprésent, dans Open Office, il est possible d’enregistrer son fichier dans le format Word en plus de celui du logiciel. Mais en matière de main mise Microsoft n’en est pas à son premier coup d’essai. Ils avaient d’ailleurs essuyé un procès antitrust en 2002, à cause de l’omniprésence de leur système d’exploitation, Windows, sur les machines vendues sur le marché. Procès duquel ils étaient sortis à moindre mal. Pourtant il est vrai que Windows est présent dans la plupart des PC vendus sur le marché, il est même la plupart du temps préinstallé, et l’acheteur ne dispose même plus des DVD pour l’installation, il doit les graver lui-même.
Notre identité virtuelle
Je me suis quelque peu éloigné du propos de base, mon but n’étant pas de faire un procès à charge contre Microsoft, il n’était qu’un exemple. Google et ses algorithmes ou Facebook et la revente de nos données ne sont guère mieux. Mais c’est un autre sujet. Par contre ce qui nous concerne tous, c’est notre identité numérique sur le web. De nos jours nous y sommes pour le plaisir, la découverte, la détente mais également pour y trouver un emploi et s’y faire une place. Agrandir son réseau et être plus présent. Et c’est encore plus vrai pour les indépendants et les sociétés. Pourtant gérer cette image n’est pas toujours chose aisée, et se faire une place l’est encore moins. Il sera très difficile de vous faire connaître dans le milieu du travail si vous n’avez pas un compte sur Viadeo ou Linkedin, voir un compte Facebook qui aura de très forte chance d’être visité par votre futur employeur. Nombreuses sont d’ailleurs les personnes à s’être mordus les doigts après avoir posté des photos ou des propos litigieux, et à avoir oublié que cette identité numérique était aussi publique.
Mais au fond il est normal d’utiliser ces sites ou services connus, surtout lorsque vous êtes en recherche d’emploi ou de clients. Imaginez que vous soyez un marchand ambulant préféreriez-vous aller sur un marché de village vide ou un de ville plein, avec ce que cela représente d’habitants et de clients potentiels ? Au risque de vous fondre dans la masse, et du coup de devenir invisible. Car s’il est normal d’aller là où il y a le plus de monde, il est aussi très compliqué de s’y faire entendre ou même remarqué. Et c’est là tout le paradoxe de ces sites, et la base de cette chaîne de faits de plus en plus insolites pour se faire remarquer, avec ce que cela implique de dérives, et cela dans les deux sens. Aussi bien pour les personnes qui vont chercher à se faire connaître que pour les entreprises qui profitent de la situation en demandant de plus en plus de diplômes pour trier les candidats, ou en abusant des stages non rémunérés à la place de vrai emploi. Mais là encore c’est un autre débat.
Conclusion
S’il peut être facile de s’abroger de nos habitudes de les changer, il est bien compliqué de les faire adopter par d’autres et donc de s’attaquer à des sphères bien plus grandes que nous. Dès lors il sera compliqué, notamment dans un cadre professionnel, de se passer des logiciels utilisés par toutes les sociétés, de se former sur d’autres supports moins chers. Les normes de ces groupes devenant devenir les nôtres pour espérer intégrer ces structures. Difficile de passer à côté. De même pour les fiches personnelles sur les sites personnels, car ne pas se plier au jeu c’est se mettre en marge et ainsi remettre en jeu nos chances d’obtenir un poste. Être embauché, c’est avant tout se plier aux règles, aux règles d’un jeu qui commence bien avant votre entrée dans une entreprise. C’est faire face à une réalité du marché du travail, et accepter de remplir des conditions requises, quitte à se formater ou plus simplement à se simplifier, s’uniformiser pour plaire et convenir.
Quelques alternatives malgré tout
Retouches graphiques
Photoshop → The Gimp ou Affinity Photo
Illustrator → Inkscape ou Affinity Designer
Publications
Indesign → Scribus Affinity Publisher
Productions
Word → Open Office ou Libre Office
Excel → Libre Office